Classes-En-Lutte. Fermeture des établissements scolaires : la mascarade de la continuité pédagogique. L’argent, il y en a, c’est pour le patronat. Nos droits.
Une crise sanitaire due à des années d’austérité dans les services publics (à lire ci-dessous)
cel-16-marsDimanche
15 mars. Communiqué de la Coordination nationale de l’éducation.
Une
crise sanitaire due à des années d’austérité dans les services publics
Cette coordination s’est tenue dans un contexte très
particulier. Le pays traverse une crise sanitaire sans précédent depuis des
années. Alors que depuis le début de la propagation du virus du COVID-19, le
gouvernement n’avait pris aucune mesure pour endiguer l’épidémie, Macron jeudi
soir, puis Philippe samedi soir, ont annoncé une série de mesures
impressionnantes, avec d’abord la fermeture des écoles et établissements
scolaires et universitaires, puis la fermeture de tous les lieux publics. La
gravité de la crise sanitaire que nous traversons est maintenant manifeste.
Dans cette situation, la situation lamentable dans
laquelle se trouvent les services publics, et notamment le service public
hospitalier, apparait aux yeux de tout le monde. Les services de réanimation
sont débordés, les médecins sont obligés de commencer à choisir les malades, le
SAMU est saturé… Tout cela est la conséquence d’années et d’années d’austérité
budgétaire dans les hôpitaux, aboutissant à la suppression de centaines de lits
et de respirateurs en réanimation. Macron a beau avoir déclaré jeudi soir « il
est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du
marché » et « Le gouvernement mobilisera tous les moyens financiers nécessaires
pour porter assistance, pour prendre en charge les malades, pour sauver des
vies quoi qu’il en coûte », le gouvernement n’a absolument engagé aucun effort
financier pour aider les hôpitaux. Au contraire, il annoncé de nouvelles
exonérations pour le patronat.
Tout cela prouve, une nouvelle fois, que nous ne
pouvons absolument pas faire confiance à ce gouvernement pour endiguer la grave
crise sanitaire que traverse ce pays. L’attitude de ce dernier en ce qui concerne
les personnels de l’éducation en est d’ailleurs la preuve la plus éclatante.
Blanquer
au mépris de la santé et de la vie des personnels !
Jeudi matin encore, alors même que les cas de
coronavirus se multipliaient dans les écoles et les établissements scolaires,
Blanquer affirmait que « l’heure n’est pas à la fermeture ». Moins de 12 heures
après, il était contredit par Macron, qui annonçait la fermeture dès lundi de
toutes les écoles, collèges, lycées et universités. Qu’à cela ne tienne : le
lendemain, Blanquer continuait à expliquer que, si les établissements et écoles
étaient fermés, les personnels devraient quand même s’y rendre pour travailler.
Samedi après-midi encore, quatre heures avant l’annonce du passage au stade 3,
de la fermeture de tous les lieux publics, il affirmait que « 50% des
enseignants » devraient être présent sur leurs lieux de travail. A l’heure
actuelle encore, une grande confusion règne, et les collègues pour beaucoup ne
savent toujours pas ce qu’ils doivent faire lundi. Cette cacophonie montre bien
que Blanquer et le gouvernement ne se
soucient absolument pas de la santé des salariés. Seule notre mobilisation, sur
nos revendications, permettra de préserver notre santé !
Non
nous n’irons pas travailler au risque de notre santé !
Ce n’est pas pour rien donc que jeudi soir, Emmanuel
Macron a annoncé la fermeture des lieux d’accueil de la petite enfance à l’université
et aux grandes écoles. L’hôpital étant saturé par les coupes budgétaires
successives depuis des années, les pressions de la communauté éducative étant
de plus en plus fortes sur l’irresponsabilité de laisser ces centaines de lieux
de passages et donc de potentielle contamination ouverts, le gouvernement a
fermé, calculant qu’il éteindrait momentanément le feu de l’inquiétude sur la
vitesse de la contamination.
Mais une fois les annonces lancées, nous avons assisté à un festival d’annonces
en tout genre de la part de nos hiérarchies respectives. Elles avaient toutes
un point commun : s’asseoir royalement sur nos droits, et obliger les collègues
à se rendre sur leurs lieux de travail lundi, malgré tous les risques liés à
l’épidémie.
Dans le premier degré, les collègues devraient
accueillir les enfants de personnels soignants. Mais dans beaucoup
d’établissements scolaires du second degré, ces injonctions à se rendre lundi
sur les lieux de travail ne concernent même pas une quelconque garde des enfants
de personnels soignants. S’engouffrant dans le flou orchestré par Blanquer, les
recteurs, les DASEN, les chefs d’établissement cherchent à imposer tout et
n’importe quoi aux collègues : conseils de classe, conseils pédagogiques,
réunions de concertation, permanences téléphoniques…
En ce qui concerne les agents, les chefs
d’établissement prétendent leur imposer de venir nettoyer des établissements
dans lesquels il n’y aura même pas d’élèves, ou de répondre à des coups de
téléphone, sous prétexte de « continuité du service public ».
Alors même que les médecins recommandent de limiter
les sorties et les trajets en transports, alors même que les commerces non
essentiels sont fermés, nous n’accepterons pas de devoir aller travailler, au
mépris de notre santé, alors même que nos missions ne sont pas indispensables
pour endiguer l’épidémie !
Blanquer, ses recteurs, ses DASEN, ses chefs
d’établissement, pensent qu’une circulaire et des instructions données aux
directions d’école par exemple suffiraient à obliger les personnel.le.s à
quoique ce soit. Mais non ! S’ils veulent de nous sur les écoles et les
établissements qui sont censés fermer, ils devront assumer les ordres de
missions et de notre côté, nous assumerons les droits de retrait !
Les personnels de l’éducation n’ont pas à payer
le
prix de la casse du service public hospitalier !
Nous sommes depuis samedi soir officiellement en stade 3, les lieux de vie ferment les uns après les autres, les ouvriers italiens de Fiat se mettent en grève mais nous, personnels de l’éducation, sommes sommé.e.s de nous rendre sur nos lieux de travail annoncés comme fermés pour pallier aux mesures d’urgence d’un gouvernement aux abois. On nous somme de participer de la nécessaire solidarité avec les travailleurs et travailleuses de la santé qui sont en première ligne. Mais pourtant, depuis deux ans que l’hôpital manifeste, se met en grève, crie son impossibilité de soigner décemment les malades, ceux qui aujourd’hui nous appellent à l’union nationale ont bien souvent fait marcher la matraque quand nous, nous étions aux côtés des salarié.e.s mobilisé.e.s.
Alors non, nous ne devons pas céder à ce chantage
abject. D’ores et déjà les hôpitaux sont saturés : nous refusons qu’on nous
fasse porter la responsabilité de cet encombrement !
Depuis des jours nous réclamons plus de savon et de gel hydroalcoolique dans
les écoles sans que rien n’arrive et d’un coup, nous devons sortir du chapeau
des solutions pour faire face à la pénurie de personnels hospitaliers.
Alors si nos hiérarchies ne voient pas de problèmes,
qu’elles aillent exercer en nombre leur devoir civique en étant présentes dès
lundi matin sur les établissements !
Quant à nous, nous appelons nos collègues à ne pas
se rendre sur leur lieu de travail : les déplacements et échanges sont facteurs
certains de contamination. De plus, sur place, l’accueil se fera dans les
conditions inchangées par rapport à vendredi : sans gants, gel hydroalcoolique,
masques.
«
Continuité pédagogique » : alerte aux dérives et aux inégalités !
Ne
nous payons pas de mots, « la continuité pédagogique » dont le gouvernement ne
cesse de faire la publicité, n’est pas réalisable. Contrairement à ce
qu’affirme Blanquer, rien n’est prêt, ni les contenus, les outils de
transmissions.
L’envoie de documents écrits informatiques ne permet pas du tout de prendre en
compte :
. les familles qui ne sont pas équipées en matériel informatique
. les élèves dont les familles sont éloignées de la culture scolaire,
allophones ou illettrées
. les besoins particuliers de la pédagogie en maternelle basée sur le jeu et la
manipulation.
La fermeture des établissements scolaires ne doit pas renforcer l’inégalité de
traitement entre les élèves, ni mettre en échec les élèves issus des classes
populaires déjà mis à mal par la casse de l’éducation prioritaire et la mise en
place de parcoursup.
De fait, il faudra sans aucun doute aménager les examens pour qu’aucun élève ne
soit pénalisé.
Nous rappelons aussi, que les enseignants qui
doivent garder leurs enfants ne pourront bien évidemment pas mettre en place de
manière sérieuse cette pseudo « continuité pédagogique » sans se dédoubler.
Aussi nous refusons d’employer le terme de «
continuité pédagogique » qui n’est qu’un mensonge de plus de J-M Blanquer. Nous
serons bien évidemment soucieux de maintenir un lien avec nos élèves et leur
famille durant tout le temps de la fermeture des établissements scolaires.
Pendant que l’épidémie s’étend, le gouvernement
maintient son agenda antisocial
Le gouvernement cherche à provoquer l’union derrière lui, au nom de la lutte
contre l’épidémie de COVID-19. Mais pendant qu’il annonce une série de mesures
spectaculaires, il maintient son agenda antisocial :
– La réforme des
retraites se poursuit
– Blanquer affirme que la deuxième session des E3C
se tiendra
– La réforme du lycée continue à s’appliquer
Le fait que l’épidémie de COVID-19 soit passée au
premier plan de l’actualité n’annule en rien notre opposition à cette
politique, et la nécessité de maintenir la mobilisation pour la stopper. Alors
même que le gouvernement pousse à une logique de confinement et de réflexes
individuels, il faut au contraire maintenir la réaction collective contre sa
politique et ses conséquences.
Décisions
de la coordination nationale :
– La consigne générale est de limiter au maximum les
déplacements et les contacts. En conséquence, la consigne pour les enseignants
et l’ensemble des personnels de l’éducation, y compris les directrices et
directeurs, doit être de NE PAS SE RENDRE DANS LES ETABLISSEMENTS SCOLAIRES.
– De la même façon, nous exigeons que
l’ensemble des personnels non enseignants (AESH, ATSEM, personnel technique,
personnel administratif…) SOIENT RENVOYES CHEZ EUX.
– En ce qui concerne l’accueil des enfants de
personnels soignants, nous rappelons que le cadre réglementaire est d’envoyer
un ordre de mission individuel à chaque collègue concerné. Sans ordre de
mission, nous n’avons pas d’obligation réglementaire. En cas d’ordre de mission
enjoignant les collègues à se rendre sur les établissements, NOUS APPELONS A
EXERCER SON DROIT DE RETRAIT, comme y appelle l’intersyndicale de l’éducation.
– Aucun recensement préalable n’a été effectué pour
connaître les besoins réels des enfants de soignants à garder. Nous savons
qu’une partie des soignants s’est organisé pour faire garder les enfants par le
cercle familiale et ainsi éviter les déplacements conformément aux
recommandations de santé publique. Aussi avant d’exiger que des permanences
soient organisées par les enseignants et ainsi les exposer aux risques, c’est
aux DASEN et aux inspecteurs de recenser les besoins réels.
– Nous rappelons que la mission des enseignants
n’est pas d’assurer la garde des enfants mais d’assurer un enseignement ou des
missions éducatives. Pourquoi donc serait-il aux personnels de l’éducation de
résoudre le problème de la garde des enfants des personnels soignants ?
. Nous rappelons que les salariés ne peuvent pas être ceux qui paieront aux prix de leur santé et peut-être de leur vie, les conséquences des politiques de destruction des services publics notamment le service public hospitalier. Aussi nous exigeons que les personnels qui accueilleraient les enfants des personnels soignants reçoivent un équipement de protection : masque, gants, solution hydro alcooliques. En l’absence de ces protections,
NOUS APPELONS LES PERSONNELS A EXERCER LEUR DROIT DE RETRAIT.