Lycées professionnels : une rentrée chaotique et des perspectives inquiétantes

L’intersyndicale constate, comme elle l’avait annoncée, une rentrée chaotique dans les lycées
professionnels. Alors même que, lors de son allocution de mai dernier le Président de la
République associait le décrochage des élèves à un manque de choix de ceux-ci pour les filières
professionnelles, le ministère par le truchement de son outil d’orientation Afelnet n’est pas en
mesure d’offrir des places à l’ensemble des jeunes souhaitant intégrer le lycée professionnel.
Ainsi ce ne sont pas moins de 13500 lycéen.nes qui se retrouvent sans affectation à cette
rentrée dont les 2/3 souhaitant accéder à une formation professionnelle. Pour pallier l’urgence
ils·elles sont rajouté·es au dernier moment dans des classes déjà surchargées et
prioritairement dans celles des filières prétendument non insérantes !


Le pacte : bras armé de la réforme

Force est de constater que le Pacte peine à se mettre en place, malgré les pressions diverses
et le contournement de la note de service du 27 juillet qui définit pourtant les modalités de la
déclinaison des missions complémentaires. Alors que tous les lycées professionnels ont reçu
entre deux et trois briques par personnel, à ce jour, on n’est encore très loin d’une brique par
enseignant en moyenne. Cette résistance démontre que le temps de travail n’est pas
extensible et le refus de la réforme Macron par les personnels !
Le bureau des entreprises (BDE) qui devait être effectif dans les 2100 LP en septembre 2023,
s’avère lui aussi être un échec partiel. Il n’y a pas un BDE dans chaque LP en cette rentrée ! La
mutualisation entre plusieurs établissements, une fiche de poste délirante en termes de
missions, et le statut de contractuel ont fini de décourager les candidat.es du monde extérieur
à l’EN.
Ces premières mesures hors sol de la réforme, imposées au pas de charge, à coup de briques
du Pacte, participent à déréguler un peu plus le fonctionnement de nos établissements, à
dégrader toujours plus nos conditions de travail et à renforcer la perte de sens de nos métiers.
Pour 2024, les perspectives sont tout aussi inquiétantes et constituent pour l’intersyndicale
des lignes rouges.


Toujours plus d’entreprise

Les modifications de la classe de Terminale avec l’organisation des examens en mars, alors que
le ministère de l’Education Nationale a rétropédalé pour les épreuves de spécialités au lycée,
et l’allongement des PFMP vont dégrader fortement cette année cruciale de formation. Plus
de stages c’est inéluctablement moins d’heures d’enseignement pour nos élèves : ce choix est
à l’opposé des déclarations du ministre G. Attal en cette rentrée. Le choc des savoirs pour les
élèves de lycée pro ce serait donc moins d’école ?
L’arrivée de professeurs associés, dont le domaine d’intervention s’élargit au fil des
déclarations de personnalités politiques majeures, confirme la volonté de donner à
l’entreprise un rôle de plus en plus important et de remplacer progressivement les PLP par des
personnels du monde économique non formés à l’enseignement. L’intersyndicale rappelle
qu’enseigner est un métier qui s’apprend !


L’employabilité à tout prix


Les cartes des formations dont les modalités d’élaboration changent, risquent d’avoir pour
seule boussole l’employabilité immédiate et pour objectif la fermeture des filières non-
insérantes. Beaucoup de collègues vont devoir se reconvertir, du jour au lendemain, de façon
contrainte et brutale et les jeunes ne seront plus pensés comme des élèves mais comme une
main d’œuvre immédiatement exploitable. D’aucune façon, son « évolution » ne doit se
restreindre à la seule mise en adéquation avec les besoins économiques immédiats et locaux
des entreprises : chaque jeune, quel que soit le lieu géographique de son lycée professionnel,
doit pouvoir trouver la formation de son choix.
Nos organisations syndicales CGT Educ’action, CNT-FTE, SE-UNSA, SNALC, SNUEP-FSU, SUD
Éducation et SGEN-CFDT réaffirment leur opposition totale à la réforme Macron. Cette
opposition est confortée par la demande de régionalisation des lycées professionnels et de ses
personnels par la présidente d’Ile de France qui s’appuie sur cette réforme.
Pour nous l’urgence est de faire le bilan de la TVP, renforcer les lycées professionnels et de
donner plus de temps d’enseignement et de moyens aux personnels pour faire réussir tous les
élèves.

Afin d’exposer toutes ses inquiétudes, l’intersyndicale a demandé une audience au ministre
de l’éducation G. Attal