Macron a parlé : premières réactions

« On prend les mêmes et on recommence ».* Pour la deuxième fois, Macron a décidé de fermer les écoles, collèges et lycées à compter du 6 avril (le 5 est férié !) contrairement aux dires de son ministre de l’éducation et ce pour trois semaines, voire quatre pour le secondaire. 

– La semaine du 6 au 10 avril, les cours auront lieu à distance sauf pour les enfants de soignants qui seront accueillis dans les écoles.

– Du 12 au 25 avril, toutes les zones seront en vacances scolaires. Mais sans possibilité de quitter la région ou de dépasser un rayon de 10 km.

– Le 26 avril, les écoles du premier degré ouvriront.

– Le 3 mai, ce sera au tour des collèges et lycées à s’ouvrir à nouveau.

« On prend les mêmes et on recommence » comme l’écrit la FCPE dans son communiqué publié hier soir (à lire ci-dessous) : une même impréparation, un mépris identique, une absence totale d’organisation. Si gouverner, c’est prévoir, c’est raté !

Pourtant quand il s’agit de protéger le secteur marchand, les milliards coulent à flots** et le gouvernement anticipe… Pour l’école publique ou l’hôpital rien ou si peu. Tout manque !

Et si on refaisait la Commune !

**« Depuis un an, l’argent public coule à flots pour compenser les pertes des secteurs marchands liées à la pandémie de Covid-19. Plus de 215 milliards d’euros ont été dépensés pour répondre au « quoi qu’il en coûte » décrété en mars 2020 par Emmanuel Macron et, à chaque nouveau « tour de vis », de nouveaux crédits sont ouverts. Et de l’autre, on assiste à une magnifique foire aux idées pour « rembourser »« réduire » ou « maîtriser » la dette publique »* (…)  et …  appauvrir les services publics…

*« Comment le récit conservateur sur la dette publique reprend le dessus », un article de Romaric Godin, Médiapart, 31 mars.

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Une réunion de la coordination éducation Île-de-France s’est tenue mercredi 31 mars, suite aux annonces de Macron. Elle a réuni des collègues, enseignants et enseignantes, ou encore agents, du premier et du second degrés, des académies de Créteil, Paris et Versailles.

La décision de fermer les écoles et établissements scolaires pour trois à quatre semaines est un désaveu pour Blanquer. Elle fait suite à des mois de mobilisation dans les écoles, les collèges et les lycées, de grèves, d’application du droit de retrait par les personnels.

Ces derniers jours encore, de telles actions ont eu lieu dans de nombreux établissements, comme le collège Jules Vallès de Choisy-le-Roi, qui a fermé en fin de semaine dernière suite au droit de retrait des collègues, mais aussi au lycée Galilée de Cergy, au collège Lenain de Tillemont de Montreuil, au collège André Malraux d’Asnières-sur-Seine, au collège Politzer de Bagnolet, au collège Debussy d’Aulnay, ou encore au lycée Delacroix de Drancy dont la situation a rencontré un écho national. Des mobilisations en réaction à une situation sanitaire catastrophique que le gouvernement ne peut désormais plus cacher par ses mensonges.

Mais Macron et Blanquer continuent de prétendre que leur stratégie de maintien des ouvertures coûte que coûte était la bonne… Ou que l’éducation est prête à assurer la prétendue continuité pédagogique dans les semaines qui viennent. Et ils ne remettent pas plus en cause les suppressions de postes prévues pour la prochaine rentrée.

Puisque le gouvernement poursuit sa politique criminelle et destructrice, nous devons poursuivre nos mobilisations !

Blanquer doit partir !

Blanquer, en maquillant les chiffres de contamination, en refusant de mettre en place un protocole digne de ce nom, en ayant supprimé de nombreux moyens dans les établissements, porte une responsabilité criminelle dans la dégradation de la situation sanitaire.

Alors qu’elle aurait pu être évitée si des mesures avaient été prises, nous sommes, un an après le premier confinement, confrontés à une nouvelle fermeture des établissements. Ce 31 mars, Blanquer a été définitivement désavoué : il doit maintenant partir !

L’enseignement à distance, ce n’est pas l’école !

Blanquer a immédiatement réagi après l’annonce de la fermeture des écoles et des établissements dans une vidéo en vantant « les qualités de l’enseignement à distance » et en appelant à « un élan collectif de la part des équipes pédagogiques qui peuvent se trouver en établissement la semaine prochaine pour réaliser cela ».

Alors que l’épidémie flambe, alors que les personnels se sont battus, souvent aux côtés des parents d’élèves, pour faire respecter les fermetures de classe, les mesures sanitaires, contre les hiérarchies qui ont tenté jusqu’au dernier moment de minimiser l’étendue de l’épidémie, ces propos sont irresponsables ! La fermeture des écoles et établissements doit être réelle, et valable pour tous les personnels, enseignants, de vie scolaire, et agents !

En ce qui concerne la prétendue « continuité pédagogique », les personnels réunis ce soir rappellent que la liberté pédagogique des enseignants doit être respectée. L’obligation d’organiser des cours en visio n’est aucunement statutaire, et nous ne céderons à aucune pression hiérarchique vis-à-vis de collègues qui s’y refuseraient. Le ministère doit respecter la législation sur le télétravail, qui repose sur le volontariat ses employés

L’enseignement en distanciel permet de maintenir un lien avec les élèves, il ne peut en aucun cas remplacer l’école. Aussi, comme l’an dernier au moment du confinement, nous appelons à ne pas faire l’appel sur les cours en visio, à ne pas compter d’absences pour les élèves qui, pour diverses raisons, n’y participeraient pas. Les élèves ne doivent en aucun cas être évalués sur la période de fermeture des écoles et établissements.

Enfin, les programmes doivent être adaptés de façon urgente, notamment pour les classes à examen. Nous continuons de revendiquer la suppression du Grand Oral. Si les examens (DNB, bac…) ne pouvaient avoir lieu, le contrôle continu qui renforce les inégalités entre établissements et candidats, tout particulièrement cette année où certains établissements ont connu les demi-groupes et d’autres non, ne saurait être une solution.

Pour le respect de nos conditions de travail

Alors que les cours dans les écoles et établissement vont encore avoir lieu jeudi et vendredi, et que les écoles sont censées rouvrir dès le 26 avril, les personnels réunis ce mercredi soir rappellent leur refus de répartir et brasser les élèves des collègues absents dans le premier degré.

De même, nous appelons les personnels à faire valoir leur droit de retrait si les conditions sanitaires ne sont pas réunies, notamment en cas de non-respect du protocole sanitaire.

En ce qui concerne les agents, nous appelons à veiller au respect des missions des agents de toutes catégories et des collectivités territoriales, en particulier obtenir des ASA si les écoles et établissements sont vides, pour éviter les transports et les tâches inutiles.

De manière générale, nous appelons à une vigilance collective sur les conditions de travail de tous les personnels dans les semaines à venir.

Imposons nos conditions pour la réouverture !

Macron a d’ores et déjà annoncé que les écoles rouvriraient le 26 avril, puis les collèges et lycées le 3 mai. Comment est-il possible d’annoncer arbitrairement ces dates alors que nous ne savons dans quelle situation nous serons à ce moment-là ?

Les écoles et établissements scolaires ne peuvent rouvrir que si les conditions sanitaires sont réunies, notamment :

• un accès à la vaccination pour tous les personnels volontaires des écoles et établissements, avant leur réouverture. Cet accès à la vaccination ne doit cependant pas être un prétexte à un « retour à l’anormal » dans l’Éducation.

• des demi-groupes systématiques à la réouverture, partout en France, en collège comme en lycée, et éventuellement en école. 

Nous appelons à mettre en discussion dans les AG les conditions de la réouverture le 26 avril (pour le premier degré) ou le 3 mai (pour le second degré)

Plus de « retour à l’anormal » : il faut des moyens pour l’Éducation !

Alors que pour la deuxième année consécutive, personnels et élèves vivent des conditions de travail et d’études particulièrement dégradées, il est temps d’imposer un plan d’urgence pour l’Education afin des moyens soient réellement mis en œuvre !  Tout d’abord, nous revendiquons l’annulation de toutes les suppressions de postes, fermetures de classes et baisses de moyens prévues pour la rentrée 2021. Il est inconcevable qu’en période d’épidémie, alors que des centaines d’heures de cours ont été perdues, le ministère Blanquer continue d’économiser sur le dos des écoles et établissements. Nous revendiquons notamment le retour des centaines de millions d’euros économisés par Blanquer !

La rentrée 2021 ne peut s’envisager qu’avec une baisse pérenne des effectifs dans les classes, mais aussi à l’échelle des écoles et établissements. Il est urgent de réquisitionner et de construire des locaux pour les écoles et les établissements, afin de désengorger ceux existant.

L’AG Éducation Île-de-France de ce mercredi 31 mars appelle les personnels à :

• se réunir au plus vite en AG en présentiel ou en visio, et faire connaître ses revendications et décisions largement, notamment aux syndicats ;

• faire valoir leur droit de retrait en cas de mise en danger (en particulier en cas de non respect du protocole) pour les jours d’ouverture restant, dans le cas où des hiérarchies chercheraient à les faire venir sur les écoles et établissements, et si la réouverture le 26 avril et le 3 mai ne s’accomplit pas dans des conditions sanitaires suffisantes ;

• à maintenir un cadre collectif en distanciel, et discuter dans nos AG des conditions de la réouverture des écoles et établissements

• à participer à la manifestation du mardi 6 avril avec la Fonction publique, au sein d’un cortège Éducation visible, et à la manifestation du jeudi 8 avril aux côtés des AESH, si besoin en se mettant en grève.

– Paris : au Rectorat de Paris à 9h30

– Hauts-de-Seine : à la DSDEN 92 (Nanterre-Préfecture) à 10h30

– Île-de-France : Manifestation à 13h de Luxembourg jusqu’au Ministère

– Des préavis de grève couvrent tous les personnels de l’Éducation tous les jours de l’année (…)

Les personnels réunis ce mercredi 31 mars appellent à participer à la prochaine réunion de coordination nationale de l’Éducation, qui aura lieu le mercredi 7 avril à 18h. Ils proposent également d’organiser une nouvelle réunion de coordination Île-de-France le jeudi 8 avril à 18h30, après les journées de grève et de manifestation du 6 et du 8 avril.

CP_FCPE31mars2021