« On ne pourra jamais nous empêcher de penser. »
« Dans l’intérêt du service », Hélène C., professeure des écoles à Bobigny (93), syndicaliste et militante de la pédagogie Freinet a été mutée d’office par la Direction académique sur une autre commune à Aubervilliers début mars. Lire nos premières publications là :
Une conférence de presse était organisée mercredi 23 mars à la Bourse du Travail de Bobigny.
En visio, Philippe Meirieu a qualifié de « scandaleux » cette sanction déguisée. « Indigné », il a dénoncé une répression contre une « militante politique ».
Laurence De Cock, elle aussi en visio, a insisté sur la « violence » de cette sanction quand on sait « qu’une relation pédagogique ça se construit dans la durée ». Cela lui rappelle la chasse « aux enseignant.es communistes dans les années 20 et 30 sanctionnées pour motifs politiques ». Ce qui lui apparaît nouveau sous le ministère Blanquer, c’est « la surveillance » devenue « permanente » : « le ministère de l’article 1 ».
Pour Questions de classes, Arthur a rappelé l’urgence du combat pour la liberté pédagogique. Il faut défendre la « pédagogie d’action directe », combattre la loi Rilhac qui veut nous faire travailler « sous le regard d’un chef » et « toutes les directives de toutes les couleurs faites pour nous formater et réaliser une pédagogie officielle ».
Le Syndicat Sud et l’intersyndicale FO,CGT, CNT ont, à nouveau, dénoncé « cet acharnement délibéré pour discréditer le travail engagé à l’école Marie Curie de Bobigny ».
Une collègue de cette école, émue, a révélé « un management violent au quotidien (…) A l’école Marie Curie, il n’y a plus de pédagogie. C’est un vrai traumatisme ».
Nathalie, enseignante à Paris, pour conclure, a remercié Hélène C. pour son engagement, sa lettre à ses élèves. « C’est incontestablement plus difficile aujourd’hui de faire un pas de côté (…) mais comme nous sommes avec les enfants, nous sommes avec les parents, on ne pourra jamais nous empêcher de penser. » (…) « Dans le passé, il y a un autre collègue qui a été muté d’office, Célestin Freinet (…) « Nous sommes des passeurs, nous n’abandonnerons pas la lutte ».
Pour répondre aux journalistes présents (L’Humanité, Le Parisien, Infos éduc…), il a été rappelé qu’il n’y a rien contre Hélène dans son dossier administratif. Un recours au Tribunal Administratif est engagé, voire un recours au pénal pour « dénonciation calomnieuse ».
Nada