A Bordeaux, rassemblement devant le rectorat. Samedi 28 novembre, nouvelles manifestations à Paris et en régions contre le projet de loi “sécurité globale”…

Nous assistons à un déchaînement de violences policières… Pour dénoncer cette insécurité globale et le projet de loi qui l’accompagne,  nouvelles manifestations samedi 28 novembre à Paris (14h, République) et en régions : Metz, 14h, place de la République ; Saint-Etienne, 15h, place Jean Jaurès…

Saisie après l’interpellation très violente d’un lycéen de Montreuil lors d’une manifestation contre la loi Travail en 2016, La défenseure des droits rappelle dans un rapport transmis le 24 novembre dernier au ministre de l’intérieur « l’importance des vidéos tournées par les manifestants »… Sans les images, pas de visibilité des violences policières

A lire ci-dessous : communiqués syndicaux + attestation pour la manif de samedi

Jeudi 26 novembre, un collectif de journalistes a écrit au premier ministre.

« Monsieur le premier ministre,

Depuis plusieurs semaines, nous, sociétés de journalistes et de rédacteurs de la presse nationale, régionale, de l’audiovisuel et du Web, n’avons eu de cesse d’alerter – tout comme les syndicats de la profession, des collectifs, des directeurs de rédaction, des éditeurs de presse – quant aux graves menaces que fait peser l’article 24 de la proposition de loi pour une sécurité globale sur la liberté d’informer.

Ce diagnostic rejoint celui de sociétés de réalisateurs, d’associations de défense des droits humains, d’autorités administratives indépendantes, et de trois rapporteurs spéciaux des Nations unies. La Commission européenne elle-même s’en inquiète.

Même amendée, cette disposition, qui vise à pénaliser la diffusion de l’image de membres des forces de l’ordre si elle a pour “but manifeste qu’il soit porté atteinte à [leur] intégrité physique ou psychique”, est dangereuse. Elle laisse augurer, en amont des magistrats, des interpellations préventives – qui, sur le terrain, décidera qu’une diffusion en direct est susceptible de constituer une infraction, sinon les policiers eux-mêmes ? – ainsi que des procédures-bâillons à l’encontre des médias ou des citoyens qui diffuseraient des images d’interventions houleuses. La ministre déléguée chargée de la citoyenneté, Marlène Schiappa, a elle-même reconnu ce risque.

Cela alors que, dans le même temps, l’article 21 prévoit que les enregistrements des caméras-piétons des forces de l’ordre puissent être diffusés aux fins d’“information du public” : d’un côté, donc, l’entrave à la liberté d’informer, de l’autre un récit à la discrétion des autorités. Quant à l’article 22, qui généralise l’autorisation des drones, il ouvre la porte à une surveillance massive et invisible, notamment des manifestations.

Filmer ou photographier les policiers et les gendarmes en intervention dans l’espace public est un droit démocratique. Ce sont bien les vidéos exposant les violences commises par des membres des forces de l’ordre – qu’elles aient été tournées par des journalistes titulaires ou non d’une carte de presse, des citoyens, des militants d’associations – qui ont permis d’inscrire ce sujet dans le débat public. Lundi soir, ce sont bien les images de la très brutale évacuation d’un campement éphémère de migrants, place de la République à Paris, diffusées sur les réseaux sociaux, qui ont fait réagir jusqu’au ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin.

Nos inquiétudes sont d’autant plus vives qu’en septembre, le nouveau schéma national du maintien de l’ordre est venu aggraver la dégradation, déjà importante, de nos conditions de travail dans la couverture des manifestations. Sous couvert de “rappeler” que “le délit constitué par le fait de se maintenir dans un attroupement après sommation ne comporte aucune exception”, ce texte est en réalité un feu vert donné par le ministère de l’intérieur aux forces de l’ordre pour empêcher les journalistes de rendre compte pleinement des rassemblements jusque dans leurs dispersions. Les événements survenus lundi soir, qui ont vu des reporters eux aussi molestés, en sont l’amère illustration.

Monsieur le premier ministre, la liberté de la presse et la liberté d’informer sont mises à mal en France. Vous aviez accepté d’entendre à ce sujet, ce jeudi, des représentants de la profession. La décision du préfet de police de Paris d’interdire le parcours de la Marche des libertés prévue samedi dans la capitale, attentant à une autre liberté fondamentale, celle de manifester, nous a conduits, à l’instar des syndicats de journalistes, à décliner cette invitation. Nous vous le disons ici solennellement : il y a urgence à sortir de cette spirale délétère pour la démocratie.

Nous demandons le retrait de l’article 24, ainsi que des articles 21 et 22, du projet de loi pour une sécurité globale, et la réécriture du schéma national du maintien de l’ordre dans un dialogue véritable avec les journalistes. »

Signataires : les sociétés des journalistes, des rédacteurs et des personnels de 20 Minutes, l’AFP, Arrêt sur images, Arte, BFM-TV, Challenges, Courrier international, Les Echos, Europe 1, L’Express, Le Figaro, France Culture, France Info, Franceinfo.fr, FranceinfoTV, France Inter, France 2, France 3 national, L’Humanité, Le JDD, Konbini, LCP, Libération, Marianne, Le Média, Mediapart, Midi libre, Le Monde, M6, NRJ Group, L’Obs, Paris Match, Le Parisien-Aujourd’hui en France, Premières Lignes, Public Sénat, RFI, RTL, Sud Ouest, TV5Monde, La Vie.

Communique-commun-des-URIF-mardi-24-novembre-2020

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Attestation-de-deplacement-derogatoire


Aujourd’hui vendredi 27 novembre, un rassemblement de solidarité avec les 3 collègues poursuivis du lycée Mauriac de Bordeaux est organisé à partir de 9h devant le rectorat de Bordeaux, à l’appel de l’intersyndicale SNES-CGT-FO-SUD.

Des préavis de grève ont été déposés dans l’académie de Bordeaux. La Coordination nationale de l’Éducation appuie les appels à la grève pour 
soutenir les collègues et participer au rassemblement bordelais de demain.

Après les 4 collègues de Melle, sanctionnés contre l’avis des CAPA disciplinaires, Blanquer poursuit sa politique répressive en s’attaquant maintenant à trois collègues de lycée François Mauriac de Bordeaux.

Ces poursuites, plus de 10 mois après les faits reprochés, font planer une épée de Damoclès au-dessus de toutes celles et ceux qui ont participé à la grève contre les E3C, et plus généralement toutes celles et ceux qui contestent la politique de Blanquer. Il est donc absolument nécessaire de faire cesser cette vague répressive en réagissant très fortement, comme l’ont déjà fait les collègues du lycée Mauriac en se mettant en grève dès lundi 23 novembre, jour de l’entrée en fonction de leur nouveau proviseur. Vous trouverez en pièce jointe leur communiqué du 23 novembre.

La Coordination nationale de l’Éducation appelle dès maintenant à adopter en AG, en heure d’information syndicale, en conseil des maîtres, en CA… des motions et courriers de solidarité avec les 3 de Bordeaux, à envoyer au rectorat de Bordeaux et au ministère par la voie hiérarchique, et à envoyer en copie à l’adresse SoutienAux3deBordeaux@gmail.com. Vous trouverez sur ces liens des modèles de courrier et de motion :

https://frama.link/motion-type-mauriac-bordeaux

https://frama.link/courrier-type-mauriac-rectrice-bordeaux

La Coordination nationale de l’Éducation appelle également à une vaste campagne de selfies et photos de soutien, avec les hashtags #SoisProfEtTaisToi et #SoutienAux3DeBordeaux. 

Voici les différentes étapes à suivre pour y participer :

  1. Se prendre en photo individuellement (selfie avec pancarte, par exemple) ou collectivement (photo devant son école ou établissement par exemple, avec banderoles, pancartes, etc.). Choisissez vos slogans : « Soutien aux 3 de Bordeaux », « Sois prof et tais-toi », « Stop répression »… laissez libre cours à votre imagination ! En pièce jointe, des exemples de photos collectives.
  2. Publier les photos de soutien sur vos réseaux sociaux avec les hashtags #SoisProfEtTaisToi et #SoutienAux3DeBordeaux
  3. Envoyer ces photos de soutien à Stop.repression.education@gmail.Ces photos seront compilées afin de faire un montage.

Solidarité avec les collègues réprimés, à Bordeaux comme ailleurs ! Abandon de toute procédure disciplinaire !

Un relevé de décisions plus complet de la réunion de coordination nationale de l’Éducation du 25 novembre suivra rapidement.

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Contre la répression : solidarité avec les 3 de Bordeaux !

Communiqué de la Coordination nationale de l’Éducation du mercredi 25 novembre 2020

Le 20 novembre dernier, 3 enseignants du lycée François Mauriac de Bordeaux ont reçu des courriers stipulant que la rectrice de l’académie engageait contre eux des procédures disciplinaires. Le même jour, la direction de l’établissement a été complètement limogée, pour être intégralement remplacée dès le lundi suivant.

Après les sanctions prises contre les 4 de Melle, ces courriers disciplinaires confirment la vague répressive dans laquelle le ministère s’est engagé depuis janvier dernier. 

Le 20 janvier 2020, comme dans des centaines d’autres lycées en France, lycéens, parents d’élèves et enseignants, soutenus par des manifestants d’autres secteurs, ont protesté contre l’organisation des premières épreuves du bac Blanquer, les E3C. Face à cette mobilisation, la direction avait dû reporter plusieurs fois les épreuves. Neuf jours plus tard, elle tentait encore de les faire repasser, cette fois sans la présence des enseignants ni de l’équipe de vie scolaire, mais sous la surveillance des IA-IPR et de policiers qui avaient investi l’établissement. Les élèves avaient alors massivement refusé de rentrer passer les épreuves. Du fait de cette mobilisation massive, le lycée François Mauriac de Bordeaux était le seul lycée de l’académie à n’avoir pas fait passer les épreuves des E3C.

Suite au succès de cette mobilisation, le rectorat et le ministère avaient déjà procédé à des intimidations. Le 21 février, 9 enseignants de Bordeaux, dont 4 du lycée François Mauriac, avaient reçu des lettres de menaces de sanction. Des rassemblements avaient alors été organisés en solidarité avec les collègues concernés.

Le 16 septembre, une lettre de la rectrice informait que le cabinet ministériel envoyait une équipe d’Inspecteurs Généraux de l’Éducation nationale (IGEN) pour inspecter l’ensemble du lycée.

Aujourd’hui, plus de 10 mois après les faits, 3 collègues sont donc poursuivis, pour des sanctions pouvant aller du blâme jusqu’à la révocation. Alors que la rectrice de l’académie de Poitiers a, contre l’avis même des CAPA disciplinaires, prononcé des sanctions allant jusqu’à la mutation d’office contre les 4 de Melle, ces annonces de poursuite contre les trois collègues du lycée Mauriac constituent une épée de Damoclès contre toutes celles et ceux qui ont participé à la grève des E3C, ou plus généralement contestent la politique de Blanquer.

Le vendredi 27 novembre, deux des trois collègues sont convoqués de 9h à 16h au rectorat pour consulter leurs dossiers administratifs. L’intersyndicale SNES-CGT-FO-SUD appelle à un large rassemblement de soutien.

Des préavis de grève ont été déposés dans l’académie de Bordeaux. La Coordination nationale de l’Éducation appuie les appels à la grève pour soutenir les collègues et participer au rassemblement bordelais de demain.