T12. Facs : validation automatique du semestre.

Depuis le lundi 16 mars, et pour une durée indéterminée, les universités sont fermées par mesures sanitaires. La mise en place d’une « continuité pédagogique » par les établissements par cours et examens dématérialisés aggrave la précarité étudiante déjà existante.

En effet, les étudiant.e.s ne disposant pas d’un accès à internet fiable (pas de wifi, ou réseau de mauvaise qualité, pas d’ordinateur, et pas de bibliothèque) ne peuvent pas  suivre comme les autres. 

Dans ce contexte nous vous rappelons que l’article D 611-12 du code de l’éducation dispose que “la validation des enseignements contrôlée par des épreuves organisées à distance sous forme numérique, doit être garantie par la vérification que le candidat dispose des moyens techniques lui permettant le passage effectif des épreuves”. Cette vérification étant impossible dans l’état actuel des choses, la décision qui a été prise de soumettre les étudiant.e.s à des examens dématérialisés semble totalement contraire à la réglementation en vigueur. 

Les situations sont diverses et variées et les mesures prises par les présidences d’universités ne sont applicables sereinement que par les plus avantagé.e.s socialement. Il y a donc bien ici une rupture d’égalité, qui s’aggrave au fur et à mesure que le confinement et l’exposition au virus durent. De plus, les contenus proposés en ligne type cours audio et/ou visuels ne prennent pas en compte les handicaps des étudiants.es (dont les assistant.e.s sont absent.e.s, ou certain.e.s étant même mis.e.s à la porte de leurs résidences, comme celle gérée par la Fédération Santé des Etudiants de France à Nanterre). 

Les enseignant.e.s se retrouvent également en situation d’inégalité face aux mesures décrétées par les directions d’universités. Certain.e.s enseignant.e.s doivent produire un contenu de cours en ligne depuis leur domicile. Ceci constitue déjà un travail supplémentaire par rapport à la préparation de cours en présentiel, évidemment non rémunéré. Enfin, les enseignant.e.s vacataires ayant une très faible stabilité de l’emploi rencontrent beaucoup plus de pression pour préparer et animer leurs cours en ligne car ils et elles risquent de ne pas être payé.e.s s’ils et elles ne prouvent pas que le travail a été fait. 

De plus, le mouvement social contre la réforme des retraites et la LPPR au sein des universités et laboratoires de recherche se poursuit malgré les restrictions de déplacements. Bien que moins visible, la grève est toujours d’actualité chez les enseignant.e.s et étudiant.e.s et les revendications concernant les modalités de contrôle des connaissances seront portées peu importe le contexte sanitaire. Personne ne doit être pénalisé.e par son engagement dans la mobilisation.

Le maintien à tout prix des examens se trouve souvent justifié par une volonté de maintenir la “valeur” des diplômes. Quelle ironie de voir que celles et ceux qui hier réduisaient les budgets de l’ESR, dégradant ainsi la qualité de nos enseignements, et restreignaient l’accès aux études en imposant des mesures sélectives, se faire aujourd’hui les fervent.e.s défenseur.se.s de nos diplômes !

Défendre la valeur de nos diplômes, c’est bien plutôt lutter contre la LPPR et les politiques néolibérales similaires de transformation de l’enseignement supérieur et de la recherche. Défendre la valeur de nos diplômes, c’est aussi s’opposer à la financiarisation et aux vagues successives de détricotage du droit du travail qu’elle implique.

De plus, nous refusons de voir des “exceptions” se transformer en règles. L’Université de Lille a rédigé un “plan de continuité pédagogique” local qui conçoit la mise en place des examens en ligne sous le confinement comme une “expérimentation” afin, dans l’avenir, “d’étendre cette expérimentation à d’autres formations, pour les évaluations partielles ou terminales”. Nous refusons que le confinement soit le laboratoire de mesures qui aggravent la qualité pédagogique de nos enseignements !

C’est pourquoi nous exigeons clairement la validation automatique de ce deuxième semestre pour tou.te.s les étudiant.e.s. Nous demandons, par conséquent, la suspension immédiate de tous les examens et de toute forme d’évaluation, des rendus de rapports de stages et mémoires, impliquant par ailleurs le report des échéances sur les plateformes de candidature, ainsi que la mise en place non obligatoire pour les enseignant.e.s qui le souhaitent et en ont les moyens matériels de cours en ligne exclusivement facultatifs. 

Premiers signataires (actualisé le 07/04) :

Structures nationales

– FSE – Fédération Syndicale Étudiante

– L’Alternative

– Tendance Action Collective & Luttes Étudiantes – TACLE (Tendance de l’UNEF)

– Coordination Facs & Labos en Lutte (Le Comité de Mobilisation)

– L’Union des Étudiants Communistes

– Université Ouverte

Structures Locales

– AG Inter-Fac étudiante IDF

– AG Phillia Nanterre

– AGEPS Paris IV – Association Générale des Étudiant·e·s de Paris-Sorbonne

– Armée de Dumbledore de Rennes 2

– Comité de Mobilisation de l’EHESS

– Comité de Mobilisation de Géographie de Paris 1

– Comité de Mobilisation de Lille 3

– Comité de Mobilisation de Lyon 2

– Comité de Mobilisation de Nanterre

– Comité de Mobilisation de Sorbonne-Université (Paris 4 & Paris 6)

– CNT Paris 1

– Metz en Lutte

– RAGE’UP – Représentation Associative Générale des Étudiante·s de l’Université de Perpignan

– SCUM – Syndicat de Combat Universitaire de Montpellier

– Solidaires Étudiant·e·s Clermont Auvergne

– Solidaires Étudiant·e·s Nice

– Solidaires Étudiant·e·s Poitiers

– UEG – Union des Étudiant·e·s de Grenoble

– UER – Union des Étudiant·e·s Rémois·e·s

– UET – Union des ÉtudiantEs de Toulouse

– UEUP – Union des Étudiant·e·s de l’Université de Paris

– UEY – Union des Étudiant·e·s des Yvelines

– UNEF Auvergne

– UNEF Grenoble

– UNEF Le Mans

– UNEF Morbihan

– Union Pirate

– UVSQ Mobilisée

Pour signer en tant que structure ou collectif, envoyez un mail à  facsetlabosenlutte@gmail.com